Maïté Sondermeijer est née à Paris un jour d’été 1983

Elle a exercé divers métiers, dans divers métiers : mannequinat, événementiel, enseignement
Titres de livres :
Maïté Sondermeijer est née à Paris un jour d’été 1983

Elle a exercé divers métiers, dans divers métiers : mannequinat, événementiel, enseignement
Titres de livres :

« Quand un saumon se jette sans réfléchir dans ton filet, tu ne le rejettes pas à la mer pour capturer un poisson rouge. » (P. 24)
A côté des grandes maisons d’édition, régulièrement invitées des chaînes télés, ou faisant la une des magazines littéraires, en mettant en avant des auteurs connus et reconnus par les médias, à chaque livre édité, des éditrices ou éditeurs moins médiatisés, moins mis en avant ont le don de découvrir et de promouvoir des auteurs moins connus, voire des nouveaux auteurs livrant aux lecteurs leurs premiers titres…des auteurs peu habitués aux plateaux-télés.
Ce sont souvent des auteurs qui ont eu le courage d’écrire un premier livre, ou un second…..des auteurs créatifs proposant au lecteur des personnages singuliers, plus ou moins atypiques, des histoires de vies en quelques nouvelles des textes de quelques pages.
Ces pans de vies plus ou moins banals, permettant au lecteur, par-ci , par-là de se reconnaître, et de retrouver des situations vécues, des personnes croisées un jour, des rencontres dues au hasard, des histoires de vies vécues, des amours recherchées et rapides !
En ce qui les concerne, ce sont des rencontres avec l’alcool, des tromperies, des désirs d’enfant, mais aussi le besoin de technologie, le recours ou l’intérêt pour des marques connues, le besoin de « bling-bling »…. sans oublier celui de retrouver la ligne….désirs d’enfant, que la nature ne veut pas toujours offrir et besoins de rencontres et besoin de technologie, les écrans,…et j’en passe. Des besoins, qui peu ou prou, s’apparentent aux besoins du lecteur….Qui peut s’y retrouver.
Autant de petits ou plus grands pans de vies, de rencontres avec des personnages singuliers dotés chacun de dons particuliers.
Autant de contes mettant en scène des personnages atypiques, qui peuvent, un jour ou l’autre croiser nos vies.
….rien à voir avec les poissons rouges…loin de là, mais des textes qui bousculent et interrogent le lecteur sur notre société, sur sa situation dans la la société.
Oui, c’est dans cette diversité, dans ce regard sur notre monde actuel que s’écrit cette lecture
Chacun des personnages ayant un don particulier qu’il est seul à posséder…et qui le rend différent des autres, des dons qui les distinguent les uns des autres….
Sauront-ils tirer profit de leurs singularités?
Ou seront-ils mis au ban de la société parce que « différents » ?
Editeur : Le Chant des Voyelles – 2025 – 140 pages
Lien vers la présentation de Maïté Sondermeijer
Quelques lignes
« Après tout ce qu’elle avait donné sans compter pour l’instruction, les loisirs et même l’établissement de ses garçons, il ne restait plus qu’un matelas, certes toujours confortable, mais pas infini pour assouplir la seconde moitié de sa vie. » (P.87)
« Son amertume face au soulagement qu’il ne parvenait pas à cacher, son amertume face aux écrans omniprésents qui l’avaient stérilisé comme un chat pour mieux le garder dans leur giron cathodique. » (P. 122)
« Il était né, non pas pour lier son destin à un autre, mais pour réparer dans l’humanité entière, inlassablement, les erreurs parfois grotesques du fatum. » (P.133)
« Comment prétendre à un quelconque demain quand on n’a plus d’hier » (P. 135)
« le grand méchant diagnostic fut posé, clair, net, irréfutable. Le voleur de passé, le cambrioleur de vie, le grand A terrifiant, qui, chez toute personne sensée, figure sur la short-list de l’horreur. Plus de conjectures : c’était écrit désormais, noir sur blanc. »

Romancier né en Kabylie en 1979, dont le nom est Hamid Aït-Taleb
Il en changera en 2012 pour échapper aux discriminations.
Il a fait une brillante carrière internationale dans le luxe.
Ses titres
Un homme sans titre
Dans Mesbelleslectures

1999-

« Ici, on ne vend pas le pain des Français aux bougnoules! Dix baguettes ! Et encore quoi ? »
éructa le boulanger, les bras croisés derrière sa longue vitrine de pâtisseries. J’avais six ans, et mon père, qui me tenait par la main en resta sans voix. » (P. 13)
L’enfant accompagne son père et va, avec lui acheter du pain à la Boulangerie…..Une phrase qui rappellera aux plus anciens d’entre nous ce sketch de Fernand Raynaud, dans les années 50-60….sketch qui mettait en scène un boulanger arabe, rejeté par racisme, quittant son pays d’adoption et laissant les villageois sans pain…
Fernand Raynaud évoquait le départ du boulanger quittant son village, vaincu par le racisme…. un rire jaune pour dénoncer le racisme, envers ces arabes qui venaient manger « le pain des Français ». On en riait dans les années 60-70.
Un autre « comique » Jacques Chirac avait évoqué en parlant des étrangers d’origine maghrébine le « Bruit et l’odeur »… pas très malin à mes yeux. Des propos dans la bouche d’un Président de la République en exercice qui m’avaient indigné ..
Mais ce titre est bien loin de faire rire le lecteur de 2025…Le but est identique…montrer les ravages du racisme, du rejet de l’autre parce qu’il est étranger. Au contraire, il va le bousculer, le déranger fortement
Ainsi, le propos de Xavier Leclerc est bien plus dérangeant qu’un sketch de Fernand Raynaud ou plus grave, qu’une boutade indigne d’un Président de la République en exercice !!!
Xavier Leclerc évoque les crimes commis en masse en Algérie par la France, ces arabes jeunes et vieux décapités à l’épée, à la hache, agenouillés avec une corde tendue autour du cou pour bien dégager la nuque et dont les crânes sont conservés au Musée de l’Homme, à Paris, crânes dont il imagine les conversations dans les caves du Musée, notamment cette gamine décapitée, dont le crâne est répertorié, un numéro sur la tempe….comme tous les autres. Certains enfants et adultes ont été vendus comme bêtes de foire. Et des restes humains, des crânes, des mâchoires, ont été jetés aux fauves de la ménagerie ou vendus à des collectionneurs !
En imaginant la vie de cette gamine de 8 ans décapitée, comme bien d’autres, il dérange le lecteur en insistant sur les autres ignominies, les autres saloperies, pardon pour le mot, mais je n’en ai pas d’autre, faites lors de cette conquête de l’Algérie. Les restes humains et les os des cimetières ont été exploités « Pour parfaire l’empierrement qui relevait du service des Ponts et Chaussées, d’innombrables squelettes mélangés aux stèles de marbre servirent à remblayer les routes. » (P. 70)
Il donne d’autres chiffres tous aussi terribles : 420 000 algériens morts du fait de la guerre, 2.5 millions de paysans déportés dans des « camps de regroupement », 8 000 villages décimés et 27 000 harkis « abandonnés » à leur triste sort après le départ des Français.
Même la violence des intégristes a été largement dépassée et n’a pas atteint les 250 000 victimes
On est bien loin du « Bruit et de l’odeur »…l’écœurement est garanti. Les chiffres sont là pour étayer les propos de l’auteur. Surtout quand ces faits historiques ont été commis par des hommes, des soldats du pays des Droits de l’Homme! Par la France qui parfois dans d’autres occasions, donne des leçons de dignité au restes du monde .
Oui j’ai été écœuré par cette lecture. Ecœuré par les chiffres, écœuré par les situations décrites par la France, Pays des droits de l’Homme! qui stocke dans ses sous sols « 18000 crânes dont la moitié vient des colonies » ! ….des crânes humains
Si vous aussi, lecteurs, cherchez un titre bouleversant, un propos historique, quelques heures dérangeantes, n’hésitez pas. L’auteur précise :
« Son silence fit du garçon que j’étais l’écrivain qui greffera sur les écorchés, toute sa vie, des mots comme de la peau. » (P. 16)
« Comment se libérer du terrible conflit de loyauté, de cet héritage colonial si douloureux.? je n’ai pas trouvé mieux que ce brise-chaîne d’établi qu’est la littérature.( P. 25)
« Je savais déjà qu’écrire ne consistait pas à produire de belles rimes niaises, mais à basculer dans un autre monde. » (P. 22)
Editions Gallimard -2025 – 134 pages
Lien vers la présentation de Xavier Leclerc
Quelques lignes
« Les chantiers, les mines étaient avides de cette main d’œuvre payée un tiers en moins que leurs collègues français » (P. 14)
« Le jeu des ratonnades qui commençait par des injures racistes , des coups et des brimades dans la rue se finissait souvent avec un crâne défoncé contre l’arête d’un trottoir, des côtes cassées, des noyades ou selon l’humeur des copains, une pendaison dans les bois. » (P.14)
« J’étais une mouche coincée entre les rideaux et la vitre, que le mot « tapette » assommerait tôt ou tard. » (P. 17)
« Au fond, se divertir ou rire de ces clichés sur les immigrés et leurs enfants offrait à la nation le goût sucré du paternalisme, une accoutumance qui remontait à l’empire colonial et se poursuivait après les Trente Glorieuses » (P.20)
« Cette mutilation nous ramène à ton époque, lors des conquêtes où les oreilles des indigènes valaient dix francs et leurs têtes parfois le double. Un commerce macabre qui amusait des hommes ivres d’un sentiment de supériorité. Aux lueurs de l’aube, j’imagine les racistes d’aujourd’hui, perdus dans la fumée et les étincelles d’une disqueuse, consumés par une rage qu’ils confondent avec le patriotisme. » (P. 43)
« Cultivant la peur du lendemain, la peur des Noirs et des Arabes, ces fascistes s’érigent en gardiens de la chrétienté, mais détestent les étrangers, le droit d’asile et ce qu’ils appellent « la culture du repentir » (P. 43)
« Le « calme de ce bon docteur » me raconte ton histoire, Zohra, bien plus que le la fureur des conquêtes, du feu et des armes. ce calme de boucher qui découpe de la viande d’homme. ce calme ce collectionneur qui étiquette des crânes rangés sur ses étagères. ce calme d’un artisan de tannerie, où la peau des hommes est salée, écharnée, épilée, pelée, reverdie, séchées et pendue à des crochets. ce calme qui, comme par un doux frottement d’agate sur la fleur, lisse et satine le cuir des martyrs. » (P. 50)
« Il n’a jamais été question de tragédies mais de spécimens.[…] ces médecins militaires qui les offraient en souvenir ou pour garnir des cabinets de curiosités » (P. 60)
…les crânes comme trophées de chasse « des « têtes de choix » comme l’on disait autrefois « les pièces du boucher » (P. 64)
« Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet des s’emparer des hommes et des troupeaux. » (P. 73)
« D’un côté, l’Algérie était un pays sublime, de l’autre, les injustices du système colonial avaient asphyxié les indigènes. » (P. 94)
« On me dit que les Arabes sont heureux, qu’ils n’ont besoin de rien, qu’il leur suffit d’avoir à manger pour aujourd’hui et qu’ils ne s’inquiètent pas du lendemain, que leur religion le veut ainsi. Je en sais pas si cela est vrai, mais ce qui est sûr, c’est que nous Européens, nous pensons différemment et que nos principes en tout cas voudraient que nous fassions quelque chose pour les tirer de cette misère qui est, à proprement parler, une honte. Je n’ai jamais été colonialiste mais après cette expérience, je le suis moins que jamais. » (P. 98)
« En ce temps-là, on ne les appelait pas encore les ratons, mais les troncs de figuier, sans doute parce qu’ils aiment s’assoir au pied des arbres. Après la guerre 14-18 on commença à leur donner le nom de bicots. » (P. 101)

«Comment leur expliquer les lois abracadabrantes avec lesquelles se gouvernent les Arabes ?
En dehors de la complicité, ils connaissent seulement la soumission et la révolte aveugle, passant de l’une à l’autre lorsqu’on s’y attend le moins. Frères en religion, cousins par le sang, voisins dans la promiscuité, mais ennemis dans l’âme, ainsi sommes nous. » (P. 209-10)
Lire la suite: L’enfant fou de l’arbre creux – Boualem SansalDifficile, alors qu’il a fait et fait toujours l’objet, de temps en temps, de nos journaux d’actualité de passer à côté de cet auteur et de pas se pencher sur l’un de ses livres, de ne pas se saisir de l’un de ses titres, que je n’avais pas encore lu…et j’avoue bien humblement que je suis, en partie, passé sans doute à coté de ce livre que j’ai trouvé parfois assez confus ou répétitif dans certaines prises de positions. Voire parfois un peu « lourd » !
Ce livre aurait été, vraisemblablement, bien plus percutant, s’il avait été plus concis. Plus ciblé ! Avec moins de digressions.
Certes, il souhaite dénoncer, preuves à l’appui, ces régimes dangereux pour la liberté du fait de leurs interventions dictées uniquement par des prises de position, au nom uniquement de la religion !….ou des interprétations qui en sont faites par les hommes au pouvoir… !
Sans aucune possibilité de les amender, ou de les contredire, au risque de sa vie ou de sa liberté.
C’est tout à son honneur, et c’est pour cela que je l’apprécie ! Je gardais un excellent souvenir des autres titres de cet auteur. Il manifeste, par ses propos, un très fort courage politique…et un engagement indéniable au nom de la liberté de conscience de chacun.
Cependant, certaines digressions alourdissent son propos…et ont lassé parfois le lecteur que j’étais.
Malgré tout, il est indiscutablement l’un des auteurs que j’ai le plus lus et commentés sur mon blog, sans aucun doute parce que j’ai toujours admiré ses prises de position au nom de la liberté de conscience de chacun, .. par des cris d’alarme lancés non pas de l’extérieur….mais depuis l’Algérie gouvernée par le régime qu’il dénonce….régime qui n’a pas hésité à l’emprisonner. Une force et un courage indiscutable que j’admire.
Cependant les Symboles évoqués alourdissent le propos. Sansal se livre à une critique, sans aucune concession de l’Algérie et des intégristes hypocrites, violents et indifférents à autrui, mais aussi à une critique de certains actes de la France
…L’actualité récente nous a confirmé, une fois encore, qu’il méritait notre attention, au nom de la liberté des peuples…au nom de la liberté de croyance religieuse ou son absence. Au nom de notre liberté individuelle
Liberté avec un très grand « L »
Cette liberté lui a coûté la prison, accompagnée vraisemblablement de violences…
Comment ne pas les évoquer ?
Boualem Sansal est, et reste, un auteur pas tendre du tout avec le pouvoir politique islamiste…uniquement parce les islamistes sont les initiateurs de ce régime religieux qu’il dénonce…et pas tendres non plus avec le peuple arabe, sans aucun doute, du fait de prégnance de la religion dans la vie et les attitudes de la population, qui ne vit et ne pense que « Religion »…sans possibilité de remise en cause.
Ce courage est sa force. Combien se tairaient par crainte de représailles…Représailles qu’il dut endurer !
Cependant ses écrits auraient gagné, sans aucun doute à être plus percutants, avec moins d’impression de redites, de « déjà lu ». Je l’ai trouvé parfois bavard, confus, avec des impressions de « déjà lu » et confus dans certains propos, voire répétitif. J’avoue que je fus parfois perdu du fait de ces redites…
Ce n’était sans doute pas toujours facile pour moi de rester concentré, du fait de problèmes personnels bien indépendants de ma volonté !
Aujourd’hui, il a quitté l’Algérie et le continent africain. Et vit en Europe …Tant mieux !
Depuis l’Europe il sera, vraisemblablement, mais peut-être pas… encore plus virulent avec les régimes politiques….Au risque de sa vie ! Afin de sauvegarder son témoignage, il mérite notre protection sur notre territoire!
Une critique très féroce des Algériens de l’Algérie….de sa politique…de ses leaders
…la source des relations entre Boualem Sansal et le pouvoir algérien ?
Suivre le lien vers la présentation de Boualem Sansal
Quelques lignes
« Dans les cellules, on se prépare au plus dur : dormir avant de sombrer dans la démence. Les vieux taulards ont leur recettes, forgées par une longue expérience de la nuit blanche. Ils les cachent jalousement aux jeunes. » Première page
« le pavillon des femmes fait penser à une base lunaire coupée de la terre. [..] les fenêtres sont briquetées, les murs surélevés, les portes renforcées, les gardes immensément jaloux de leur domaine. » (P.13)
« Il y a enfin cet enfant fou qui habite l’arbre creux au milieux de la cour. » (P. 14)
« Enchaînée aux Aurès, qui sont au pays ce que l’épine est au pied, la nation vit des crises à répétition. On parle de bien par amour du mal et de progrès par mépris des gens » (P. 17)
« L’Algérie devrait se résoudre à suer aussi durement si elle veut se tailler une place au soleil. Nous disons « une place au soleil » pas « à la place du Soleil »; il faut avoir l’oreille modeste et la langue courte. Pleurer sa misère est un mauvais programme de travail, envoyer des fumées dans le ciel pour apitoyer le grand Manitou revient à pisser dans le sable, et bien entendu, il est indigne d’un président adulé de terroriser les petites gens. » (P. 35)
« Allah aime le suicide collectif et chérit le tueur résolu. » (P. 48)
« Plus un système est fermé, plus il y a des petits génies pour y percer des trous. » (P. 50)
« Pour les gens d’Alger, le problème c’est justement l’ordre et la propreté. Le désordre, il l’ont dans la tête. Si on est propre, on va les choquer. » (P. 63)
« Sacré farceur de Français, va! Nous avons décide de te libérer si on trouve le moyen de le faire en douce…il nous faut la certitude que tu ne parleras pas sitôt en sureté à Paris…cela dit, on se torche de vos discours, la caravane passe sur les chiens. Maintenant, si nos plans ne marchent pas comme prévu, couic, tu passes à la casserole. » (P. 67)
« ….l’Algérie offrant autant d’occasions de se rencontrer en prison que de circonstances pour y entrer à son tour. » (P. 86)
« Le rabbin, le curé et l’imam étaient une bande d’emmerdeurs, toujours à chipoter sur l’organisation de l’alphabet, mais à l’heure de l’apéro, Sabras, Bédouis et Gaouris pratiquaient le même langage. A l’heure dite» (P. 95)
« Vous les Français, vous êtes drôles, on vous prendrait presque pour des saints. Vous nous avez enculés pendant un siècle et demi et maintenant, les mains dans les poches, vous nous demandez pourquoi on marche de travers. On vous a fichu la pâtée, une fois, ça vous suffit pas ? » (P. 104)
« En quelques heures à Alger, j’ai su qu’à côté des morts et des survivants, il y avait les disparus. » (P. 115)
« …l’Algérie offrant autant d’occasions de se rencontrer en prison que de circonstances pour y entrer à son tour. » (P. 86)
« En pères tranquilles, ils vivent du rescapé, semant d’un côté clous, huile de vidange et fausses indications et ramassant de l’autre la gratitude des éclopés et le dernier souffle de leur ferraille. » (P .93°
« La misère est bruyante jusqu’à la conflagration. Ceux qui la gèrent pour compte et ceux qui la subissent rivalisent d’ardeur. C’est à celui qui flanchera le premier. » (P. 96-7)
« En quelques heures à ALGER, j’ai su qu’à côté des morts et des survivants, il y avait les disparus » (P. 115)
« L’intelligence est née avec les Arabes, mais ils ont les derniers à s’en servir. » (p.119)
« Où en est l’Algérie après quarante années d’existence seulement ? Un désert dans un désert et pas un touriste en vue. » (P. 121)
« Un homme qui se met au garde-à-vous devant un drapeau n’est rien devant celui qui a confectionné le symbole. » (P. 171)
« J’étais un Français, et comme tel responsable des maux de son pays. Nous étions leurs colons, nous voilà leur Juifs. » (P. 177)
« J’étais un Français, un Gaouri, un clandestin, un sans-papiers, un SDF, exclus, méprisé, menacé, recherché par toutes les polices. Les journaux parlent de moi comme d’un mystère ambulant. A Paris on me comptabilise parmi les problèmes bilatéraux en suspens, entre biens vacants et remboursement de la dette. À Alger, les services se battent à la grenade pour décider lequel sera derrière mon affaire. Mes troupes ont un côté Don Quichotte face aux Maures qui m’aurait fait mourir de rire en d’autres circonstances. » (P. 197)
«Comment leur expliquer les lois abracadabrantes avec lesquelles se gouvernent les Arabes ? En dehors de la complicité, ils connaissent seulement la soumission et la révolte aveugle, passant de l’une à l’autre lorsqu’on s’y attend le moins. Frères en religion, cousins par le sang, voisins dans la promiscuité, mais ennemis dans l’âme, ainsi sommes nous. » (P. 209-10)

«Au lieu de s’étriper les unes les autres, les langues s’approchent, elles se flairent, elles se touchent, et quand elles se plaisent ou se jugent utiles, elles se croisent, elles s’accueillent. Drôle de mariage me direz-vous » (P. 53)
Un essai bigrement enrichissant pour tous ceux qui aiment les livres, la lecture, les mots, bref notre langue. Que de découvertes !
Oui, notre langue, comme, sans doute, de nombreuses autres langues est une langue vivante, une langue non figée, une langue qui s’est enrichie, au fil du temps des apports d’autres langues, d’autres cultures ….de ces brassages de population, de l’arrivée de population nouvelles. Mots que l’on utilise bien inconsciemment tous les jours, sans savoir qu’ils nous viennent d’autres cultures…Un peu comme ces chiffres arabes que nous utilisons et lisons tous les jours…y compris les racistes de tout poil qui prêchent le rejet de cette immigration et de ces étrangers qui viennent manger notre pain sans y être invités.
Nous serions sans aucun doute bien embarrassés, et bien ridicules si devions poser nos additions en utilisant les chiffres romains !
Eric Orsenna nous prouve, avec humour parfois que notre langue française, Cocorico ! est faite en grande partie, de mots issus de cette immigration, ce ce brassage de population, au fil des siècles , de mots que nous utilisons, couramment sans savoir qu’ils viennent d’ailleurs…
Mots d’origine allemande, grecque, latine et j’en passe. Ce sont ces brassages en tous sens qui ont fait notre langue, notre culture….notre identité.
Certes notre langue a emprunté, sans aucune gène des mots nés hors de nos frontières, mais aussi de provinces aujourd’hui françaises…Combien de nos mots viennent de la langue bretonne, du provençal, de l’occitan…autrefois parlés et aujourd’hui abandonnés dans nos relations quotidiennes…et ont créé ce franglais utilisé dans les nouvelles technologies.
Que de découvertes, de sourires !
Même notre langue d’oïl qui a donné en partie le français que nous parlons est issue d’un sous ensemble de langues romanes parlées autrefois dans la moitié nord de la France, de la Belgique des îles Anglo-Normandes, de la Suisse et des langues locales parlées il y a bien longtemps , le berrichon, le bourguignon, le wallon, le provençal. .Et abandonnées
Bref…ce sont ces brassages, qui ont fait notre langue…et qui continuent à l’enrichir.
Avec le développement de l’informatique, de l’intelligence artificielle, de la robotique, notre langue va vraisemblablement s’enrichir de mots nouveaux, inconnus aujourd’hui….sans omettre les brassages culturels, les brassages de populations nés des immigrations.
Une évolution de notre langue qui a accompagné dans le passé des brassages de population et qui vraisemblablement, accompagnera demain des brassages de technologies, d’inventions de tous types !
Il suffit de considérer les évolutions culturelles et sociologiques nés de l’informatisation de nos sociétés
Un beau sujet de réflexion…et d’actions voire de réactions.
Le livre de poche – 128 pages – 2023
Lien vers la présentation de Eric Orsenna
Lien vers la présentation de Bernard Cerquiglini
Quelques lignes

:
Linguiste français né à Lyon en avril/1947.
Il est un ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud
Il est agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres et professeur de linguistique à Paris VII.
Il a activement collaboré à l’écriture de :

Auteur français né à Escoutoux, Puy-de-Dôme le 18 mars 1915 et décédé à Clermont-Ferrand , le 22 novembre 2017
Il a été professeur de français à l’École nationale professionnelle de Thiers dès 1945
Agrégé d’italien en 1947, il enseigne cette langue au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand de 1949 à 1975
Un Monsieur connu et reconnu dans tout Clermont-Ferrand…un monsieur que je croisais parfois…discret.
Mon Ecole et son Lycée étaient si proches……Il donnait des cours d’italien – presque particuliers – à des étudiants de cette Ecole du Boulevard Trudaine que je fréquentais….Je n’imaginais pas que je parlerais de lui un jour sur un blog…
Une toute petite partie de ses titres
Dans Mesbelleslectures


« La vierge noire était donc à la fois la Marie des Evangiles, la déesse Terre, l’Isis égyptienne, dans une vision religieuse initiatique et universelle du grand principe féminin de l’univers. »
Lire la suite: « Le Pape ami du Diable et autres histoires mystérieuses » – Jean AngladeLes boîtes à livres sont une mine de bonheurs…elles permettent avant tout au lecteur de fureter dans l’espoir d’une trouvaille….Et ce fut mon cas, il y a quelques mois déjà !
Comment ne pas être attiré par ce livre…plusieurs aimants se sont ligués pour me dire « Lis le, prends le »…le temps a fait le reste…il est resté sur ma table de lecture un peu plus d’un an. Je ne dois pas être le seul dans ce cas.
Il y a bien longtemps, dans les années 70, je découvrais Clermont-Ferrand pour mes études…Je pense bien connaître l’Auvergne,…j’y suis né, j’y ai passé plus de 20 ans de jeunesse. J’aime ses paysages et ses hommes…mes ancètres y dorment de leur dernier sommeil.
Et cerise sur la gâteau, j’y ai croisé Jean Anglade pour un après midi de causerie, à l’initiative d’un collègue étudiant dont il était voisin…Je ne connaissais pas cet auteur, cet homme. Cet amoureux de l’Auvergne et de ses hommes…
Invité par un camarade qui l’avait comme voisin, il nous avait parlé pendant tout un après-midi des racines que nous devrions conserver, de cette identité qui nous colle à la peau, identité qui nous a forgé, qui nous accompagnerait toute notre vie, nous jeunes étudiants aux dents longues, prêts ou en tout cas programmés pour conquérir le monde.
Oui, certaines « écoles supérieures »….c’étaient deux mots inscrits dans le nom de cette école du Boulevard Trudaine…qui avait cette ambition.
Un après-midi de formation à l’Homme, aux traditions, à la boue qui colle aux souliers de tout homme, à nos racines, et ceci quel que soit notre lieu de naissance, nos premières années, à ces racines dont on ne se sépare pas.
Aussi ce fut une surprise de trouver ce titre dans cette boite à livres….bien loin de l’Auvergne !!
Un livre qui m’a replongé dans ma jeunesse, dans cette simplicité de vie, dans ces traditions, ces paysages, ces hommes….et dans cette culture, dans les origines de cette culture, les vierges noires, ces églises romanes, ces puys, ses étangs ces monts et ce climat…surtout en étant accompagné par ses hommes taiseux, durs au mal, attachés à leurs traditions. Un livre mettant en scène un loup Garou… »La bête du Gévaudan » : « Elle avait le don de se trouver partout à la fois ! Il fallait que ce soit une créature du diable » (P. 87)
Oui, un livre très documenté – six pages d’annexes faisant référence aux lieux, aux personnages évoqués des moins illustres aux plus grands comme Blaise Pascal…un livre qui, son titre est là pour le rappeler, évoque toute l’importance de la religion, de ses églises romanes, de la rudesse et la droiture de ses hommes exigeants.
Une bonne surprise
Club le Grand Livre du mois – 2000 – 185 pages
Lien vers la présentation de Jean Anglade
Quelques lignes
« Les pontifes de l’archéologie officielle n’admettent pas longtemps de se voir supplanter par d’obscures amateurs. » (P. 15)
» Comment des briques si légèrement cuites ont-elles pu résister huit millénaires à la circulation des eaux souterraines fort abondantes dans le site » (P. 17)
» On ne sait toujours pas avec certitude où situer l’ancienne Gergovia. « » » (P. 30)
« « » En fait, dès l’époque du néolithique, tous les sommets et plateaux de la région furent habités. Il ne nous reste qu’à installer Gergovia dans notre cœur. » (P. 33)
« En Auvergne, le Moyen Âge c’était hier, dans le travail, le vêtement, l’habitation, les coutumes, les plaisirs. Seules les plaies se sont perdues en cours de route : famines, épidémies, brigandages, loups à quatre pattes ou bien à deux. Encore que…. » (P. 36)
» ….on, sait que le mots arabes entrés dans notre langue commencent par la syllabe al : je vais vous parler de l’alcool, de l ‘alambic, de l’alcali et de l’algèbre. Je sous parlerai ensuite de l’almanach. » (P. 40)
» …les arabes ont reçu notre système décimal de l’Inde et se sont contentés de nous le transmettre. » (P. 41)
« La vierge noire était donc à la fois la Marie des Evangiles, la déesse Terre, l’Isis égyptienne, dans une vision religieuse initiatique et universelle du grand principe féminin de l’univers. » (P. 59)
« Les cultes sont comme les clous, l’un chasse l’autre » (P. 63)
« Blaise Pascal à Clermont, c’est comme Marius à Marseille : tout le monde le connaît sans l’avoir jamais vu. »(P. 74)
» Sa taille est plus haute que celle d’un grand loup. Elle est friande du sang,, des tétons, et de la tête. […] Elle s’attaque de préférence aux femmes, aux jeunes filles, aux enfants ; qu’elle les étrangle, leur dévore le cou et la gorge ; qu’elle enfouit même quelque fois le reste du corps dans la terre, comme si elle voulait se ménager des réserves pour la saison froide. » (P. 87)

« Avez-vous cru que vous étiez d’héroïques guerriers, à prendre d’assaut les résidences des jeunes filles, et à terroriser leurs occupantes… » (P. 222)
Quel est le lecteur qui refuserait de se pencher sur le monde littéraire de ses premières années de vie…se réveiller un matin et s’interroger : quel est le roman qui me permettrait de connaître le monde de mes premières années ?
Oui, j’ai des interrogations qui subitement m’envahissent l’esprit…
Et ce fut : « Que s’est-il donc passé dans notre monde alors que bébé, je passais du biberon à la bouillie… ? » J’ai enfin trouvé une lecture, dérangeante sur cette période de mes premiers mois de vie.
Retour en arrière bénéfique afin de connaître et de tenter comprendre comment était notre monde au début des années 50. Un monde que nos yeux ont connu sans avoir cependant toutes les clés pour le comprendre…Surtout qu’il se déroule loin de nous, aux Etats-Unis.
A une époque ou j’étais gamin. Certes certains auteurs tels que Pagnol m’avaient donné un aperçu de notre monde, un aperçu familial et « cocorico » !. Souvent sans une grande profondeur, mais très agréables à lire.
Je souhaitais cependant un aperçu bien plus dérangeant, bien plus politique, bien moins familial….et que je connais imparfaitement sans aucun doute. !
Et j’ai trouvé non pas sur les rives de notre Méditerranée, mais de l’autre côté de l’Atlantique ce que je cherchais…
Sans doute parce qu’on entend souvent dire que les évènements qui se passent, à un moment donné de l’autre côté de l’Atlantique préfigurent ce qui se passera chez nous dans quelques mois ou dans quelques années. C’est en tout cas, ce qu’on me disait !
Markus Messner est un ado de 17 ans d’origine juive. …Juif de tradition, mais « athée convaincu » ….
Il vit dans le New Jersey
Son père est un boucher kasher…La tradition juive s’impose à tous. L’univers familial culturel est parfois pesant et a indubitablement façonné une partie de sa personnalité.
Markus, jeune homme sérieux de dix neuf ans, est étudiant dans le Winesburg College, dans le fin fond de l’Ohio. Il se détend en jouant au base-ball. Il est joueur titulaire dans l’équipe des premières années. Etudiant, il va intégrer le Winesburg College.
Nous ne pouvons pas oublier cet autre aspect culturel, cette Amérique conservatrice, pudibonde, traditionnaliste…aux traditions pesantes et conservatrices. Un déterminisme difficilement contournable, et cet amour du sport, du corps fort.
Et ceci alors que la guerre de Corée mobilise les GI….souvent âgés de quelques années de plus que ces ados.
Roman qui mêle à la fois mode de pensée d’une nation, d’une société, déterminisme familial, religieux et culturel, rigidité et volonté d’émancipation de la jeunesse, psychologie familiale, tabous, religion sans omettre l’Histoire avec un grand H
Le jeune homme ne souhaite pas être appelé pour combattre aux côtés des G I. Il fait tout alors pour poursuivre et réussir ses études en s’isolant et en s’imposant alors une règle de vie contraignante….une idée fixe : réussir ses études afin de ne pas être affecté en première ligne . Primordial….
Un roman pas toujours facile qui mêle judaïsme, tradition culturelle, univers familial pesant jeunesse… Et Histoire d’une Amérique à la fois pudibonde, rigide, hypocrite et Grande Histoire !
Lien vers la présentation de Philip Roth
Quelques lignes